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Gonaïves ne sombrera jamais!

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Depuis quelques temps, une situation d’insécurité règne aux Gonaïves. C’est pour la première fois en 12 ans qu’il y a une levée de bouclier contre le phénomène de l’insécurité qui s’abat sur la Cité de l’indépendance. La dernière en date était survenue après l’assassinat crapuleux du journaliste Alix Joseph de la Télé Radio Provinciale le 16 mai 2007. Rappelons, pour les plus jeunes, qu’Alix Joseph animait tous les dimanches matins une émission très prisée, classement des hits, que je prenais goût d’écouter après l’église.
Ils ont lâchement abattu de 11 balles, celui qui était un modèle pour les jeunes dont moi-même. Ado, je pleurais Alix chez-moi car j’ai été interdit d’aller participer à la marche organisée sous l’initiative des patrons de médias de l’époque regroupés sous l’Association des médias aux Gonaïves (AMEGO). Je voulais me retrouver sur le macadam pour crier ma douleur et exprimer ma colère mais hélas mes parents ne voulaient pas car ils n’ont pas compris ce que je venais de perdre. Ce jour-là et surtout après la disparition brutale d’Esdras Mondelus, un autre modèle, j’ai décidé d’être journaliste.
Je suis né aux Gonaïves, une ville meurtrie. Meurtrie par des des massacres de toutes sortes (raboteau 1994), (07 février 2004), par des catastrophes naturelles (Jeanne 2004, Hannah et Ike, 2008).
Petit, j’ai appris à compter des cadavres, à cacher mon identité gonaïvienne car nous avons tous été étiquetés de bandits notoires qu’on devait éviter à tout prix. Nous avons connu tous les maux, toutes les calomnies les unes plus insupportables que les autres! Je suis loin d’oublier que ma très chère ville, celle qui colle à ma peau, a été traitée de Cité de la honte ! Ô ! Gonaïves ! Combien de pages sombres devrais-tu connaître dans ton histoire ? Combien de tes fils et filles devraient encore périr ?
L’insécurité, après 12 ans, revient dans ma ville. Des cambistes, des entrepreneurs dans leurs business, des simples citoyens sont déjà victimes de ce phénomène en recrudescence. La ville est livrée aux actes de banditisme. À des centaines de kilomètres, j’entends les cris de celles et ceux qui pleurent un proche. Qui sera la prochaine victime? L’on ne sait jamais. Cette ville qui a su résister à la dictature, à la tyrannie et j’en passe ne sombrera jamais. Nous avons connu bien pire dans notre histoire mais nous nous sommes relevés. Novembre 1985, 2003-2004, nous avons tout affronté.
Autant qu’il y a des gens dont le sang de cette ville meurtrie coule dans leurs veines, autant que nous sommes la mamelle nourricière de la liberté, nous nous batterons pour libérer cette ville des tarés, des écervelés, des gangs armés ou tout simplement des voyous de grand chemin.
Gonaïves, je ne t’ai pas choisie mais je suis né avec toi dans les veines. Peu importe les avanies, je continuerai à t’aimer. Courage aux familles éplorées ! Courage aux enfants rendus orphelins par les actes d’insécurité. Que le sol de « la terre salée » soit léger à tous ces âmes à qui la vie a été ôtée brutalement !
Israël JEUNE,
Gonaïvien
Journaliste au quotidien Le Nouvelliste

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